Kamel Daoud risque de perdre le Prix Goncourt 2024 !
Le triomphe littéraire de Kamel Daoud, auréolé du Prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, est désormais terni par une controverse majeure. Saâda Arbane, une femme algérienne se présentant comme la source involontaire de l’histoire du roman, accuse l’écrivain d’avoir exploité son traumatisme sans consentement. Cette affaire, qui secoue les milieux littéraires et médiatiques, pourrait entraîner de lourdes conséquences pour Kamel Daoud, tant sur le plan juridique que sur sa carrière.
Saâda Arbane, survivante d’un massacre perpétré durant la décennie noire en Algérie, affirme que son histoire personnelle a été détournée par Kamel Daoud dans son roman. Ce dernier raconte la vie d’ »Aube », une jeune femme marquée à vie par une attaque terroriste ayant décimé sa famille.
Arbane, qui consultait l’épouse de Daoud, psychiatre, depuis 2015, affirme avoir partagé des détails intimes de sa vie dans un cadre thérapeutique. Des éléments précis, tels qu’une cicatrice, une canule respiratoire ou encore des événements marquants de son existence, apparaissent selon elle dans le roman. Elle affirme avoir catégoriquement refusé les propositions du couple pour raconter son histoire, estimant que l’utilisation de son vécu constitue une violation de sa vie privée.
Les accusations de Saâda Arbane pourraient mener à des poursuites judiciaires, notamment pour atteinte à la vie privée. Si les faits sont avérés, l’écrivain pourrait être accusé d’avoir utilisé des informations confidentielles sans autorisation. Et pour viol de la confidentialité médicale, le rôle de l’épouse de Daoud, en tant que psychiatre, est également mis en cause. En Algérie comme en France, les informations divulguées dans un cadre thérapeutique sont strictement protégées.
De telles actions pourraient exposer l’auteur à des compensations financières, voire à des interdictions de diffusion de son livre.
Kamel Daoud, déjà connu pour son talent littéraire et ses prises de position polarisantes, voit aujourd’hui sa crédibilité en jeu. Si des preuves solides de détournement venaient à émerger, le jury du Goncourt pourrait être contraint de réévaluer sa décision. Bien que rare, un retrait de prix pourrait marquer une sanction symbolique forte.
Cette affaire risque de laisser des séquelles durables. D’abord une crédibilité ternie, car le recours à une histoire personnelle sans consentement pourrait affecter l’image d’intégrité de Kamel Daoud. Ensuite, les appels au boycott, en Algérie comme en France, une partie du public pourrait tourner le dos à ses œuvres, mettant en péril la diffusion et les ventes de Houris.
Ce scandale relance le débat sur les limites éthiques de la fiction inspirée de faits réels. Jusqu’où un auteur peut-il puiser dans le vécu d’autrui pour nourrir son art ? L’affaire pourrait inciter les écrivains à adopter une plus grande prudence dans leur processus créatif, afin de respecter la frontière entre création et exploitation.
Au-delà de la polémique, l’histoire de Saâda Arbane incarne le traumatisme encore vivace des victimes de la décennie noire en Algérie. Sa prise de parole soulève une question cruciale : comment honorer ces récits sans les instrumentaliser ? Alors que le monde littéraire suit cette affaire avec attention, l’avenir de Kamel Daoud et de son œuvre reste suspendu à un fil. Ce qui devait être un triomphe risque de devenir une leçon amère sur les responsabilités des écrivains face aux histoires qu’ils choisissent de raconter.