L’appel du sang : La lettre poignante de Wassila Daoud à son frère Kamel Daoud
C’est à peu près en ces termes empreints d’émotion et de fermeté, Wassila Daoud, la petite sœur de l’écrivain algérien controversé Kamel Daoud, s’est exprimée sur une chaîne de télévision locale en Algérie :
« En tant que ta petite sœur, je tiens à te dire que je suis convaincue que le chemin que tu as choisi te mène à ta perte. Tout en sachant que tu connais déjà l’issue de cette voie, je ne peux m’empêcher de te demander, du fond du cœur, de considérer un retour dans ton pays, l’Algérie. »
Wassila a décidé de prendre la parole publiquement après que d’autres membres de sa famille aient refusé de s’exprimer. Lors d’une interview de 52 minutes, elle a livré un témoignage saisissant sur sa perception de leur famille et son désir de défendre leur honneur, qu’elle estime entaché par les déclarations de son frère.
D’après Wassila, les Daoud ne sont pas la famille pauvre que Kamel aurait décrite dans ses déclarations. Elle affirme qu’ils sont issus d’un milieu algérien moyen, ayant grandi dans une grande villa avec jardin. Leur père, gendarme, aurait assuré les besoins de toute la famille. Elle réfute également les propos de Kamel selon lesquels leur père durant leurs repas, se servait en premier à table, laissant ses enfants se partager les restes de son assiette.
Elle souligne que Kamel n’a pas été le seul à accéder à l’université : plusieurs frères et sœurs de la famille Daoud sont diplômés de grandes écoles ou d’universités. Leur père est décédé en 2014, tandis que leur mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, est toujours en vie.
Wassila explique que le comportement de Kamel a changé après la mort de leur père. Il se serait éloigné physiquement et intellectuellement du reste de sa famille, marquant une rupture non seulement personnelle, mais aussi idéologique. Selon maître Ben Braham, l’avocate de Saâda (alias Aube, un personnage du roman Houris), Kamel Daoud aurait été imam et islamiste avant d’opérer un virage radical dans ses prises de position.
Elle affirme également que son frère, vivant désormais en France, subit des influences et des pressions qui affectent ses choix et ses opinions. Connaissant très bien son frère, elle le décrit comme une personne très influençable, ce qui l’inquiète profondément.
Wassila conclut son intervention par un appel sincère et déchirant, elle espère que son frère se ressaisira et reviendra en Algérie. Elle insiste sur la précarité de la vie en France, affirmant que « les lumières, le faste, le succès et la célébrité » sont éphémères. Pour elle, seule la reconnexion avec ses racines pourrait permettre à Kamel Daoud de retrouver une paix intérieure.
Ce témoignage, rare et chargé d’émotion, met en lumière les tensions profondes au sein d’une famille, prises entre héritage culturel, politique, manipulation et quête de vérité individuelle.