« Gueules noires de l’indépendance » : Quand l’Algérie ouvrière écrit son histoire en Belgique

La salle Imagix de Mons accueillera, le 21 juin, l’avant-première du film documentaire Gueules noires de l’indépendance, réalisé par Mahdi Hamza.

Cette date coïncide avec la Journée de l’immigration algérienne, une occasion de célébrer plus d’un siècle de présence ouvrière, militante et solidaire sur le sol belge. Un passé souvent oublié, que ce film entend faire résonner avec force et émotion.

Pendant cinq années, Mahdi Hamza a mené un travail de terrain rigoureux : en rencontrant des historiens, en fouillant les archives, en recueillant les voix des témoins. Le résultat est un récit poignant sur l’histoire de ces milliers d’hommes venus d’Algérie pour travailler dans les mines du Borinage et du nord de la France, au début du vingtième siècle. Souvent appelés « frontaliers », ils arrivaient d’un territoire encore colonisé par la France pour creuser la terre belge et faire tourner les industries.

Dans ce film, le réalisateur explore aussi le rôle fondamental qu’a joué cette immigration dans la naissance du nationalisme algérien et dans la lutte pour l’indépendance entre 1954 et 1962.

Dans l’ombre des galeries, ces ouvriers organisaient la résistance, collectaient des fonds, distribuaient des tracts et faisaient entendre la voix d’un peuple en lutte.

Contacté par notre rédaction, Mahdi Hamza dénonce un manque criant de reconnaissance. Il déclare que les communautés italiennes ou marocaines célèbrent chaque année leur mémoire avec fierté, tandis que les Algériens restent dans le silence. Il dit avoir voulu briser ce silence par un geste fort : celui de réaliser ce documentaire, comme un devoir de mémoire et un cri de justice. Et d’ajouter « La salle de projection a été réservée grâce à la solidarité financière de la diaspora algérienne de Belgique. » Nous apprenons également que le film a été coproduit avec le ministère algérien de la Culture et des Arts.

Parmi les invités attendus figurent des personnalités comme Hadja Lahbib, commissaire européenne chargée de l’Égalité et de la gestion des crises, ancienne ministre des Affaires étrangères belge, dont le père était mineur algérien à Boussu en Wallonie.

L’historien Jean René Gentil, qui figure dans le documentaire, interviendra lors du débat qui suivra la projection. Richard Miller, ancien ministre belge, sera également présent. Elio Di Rupo, ancien Premier ministre issu de l’immigration italienne, ainsi que Paul Magnette, président du PS, ont eux aussi été invités.

Gueules noires de l’indépendance n’est pas seulement un film. C’est un acte de mémoire. C’est une réappropriation de l’histoire par ceux qui l’ont vécue. C’est un hommage à ces visages oubliés, à ces mains usées, à ces voix longtemps étouffées.

Ce jour-là, à Mons, la mémoire algérienne parlera enfin d’elle-même, sans filtre et sans détour.

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